Quand la musique de Jean-Jacques Goldman est bonne, bonne, bonne

Sorti en 1982, le deuxième album de Jean-Jacques Goldman est une nouvelle fois éponyme. Qu’on l’appelle Minoritaire ou Quand la musique est bonne, cet album est un formidable mariage de tubes pop rock et de chansons plus intimes. Pas le plus abouti mais l’un des plus touchants et personnels du chanteur. Minoritaire sort donc l’année suivante de Démodé. A ce moment-là, Jean-Jacques Goldman travaille toujours à la boutique de sport de son père à Montrouge et ne se produit pas encore sur scène.

Ce nouveau disque est riche en thèmes divers puisque le chanteur nous parle aussi bien d’amour (pudique) que d’idéaux, de Prozac et de la Shoah. Vaste programme ! Non content d’être un succès de ventes, l’album reçoit le Prix Diamant de la chanson française 1982.

L’album s’ouvre sur Au bout de mes rêves, un tube qui met parfaitement en exergue les qualités d’écriture de JJG sur une mélodie pop imparable. Vient ensuite Comme toi, l’une de ses chansons les plus abouties et sans aucun doute la plus bouleversante, où il est bien entendu question de la barbarie nazie mais aussi et surtout de la destinée liée à la naissance, une thématique qui reviendra souvent dans le répertoire du chanteur (C’est ta chance, A quoi tu sers ?).

Si Comme toi évoque clairement sa fille Caroline qui « n’avait pas huit ans » au moment de l’enregistrement de l’album, Toutes mes chaines peut aussi bien lui être associé. Malgré son texte à la fois touchant et amusant, cette chanson n’est pas spécialement marquante.

Jean-Jacques Goldman ne s’est jamais étendu sur Jeanine médicaments blues, or moi j’y vois une amusante dénonciation de la dépendance aux psychotropes et au … cannabis puisque Jeanine peut facilement être assimilé au diminutif de la Marie-Jeanne, palliatif à n’importe quel pilule ! Quant au riff, c’est clairement une référence au Jean Genie de David Bowie.

Pour beaucoup de fans, Veiller tard est la plus belle chanson jamais écrite par Jean-Jacques Goldman. C’est en effet un titre d’une beauté et d’une justesse inouïes. Elle prend d’ailleurs toute sa saveur en concert (en intro de l’album En public) lorsque justement la nuit vient de tomber et que, contrairement à l’esprit de la chanson, on peut communier avec le public…

Quand la musique est bonne fut bien sûr un tube énorme. Elle demeure une chanson un peu bâtarde dans le sens où elle mélange des couplets au son très rock avec un refrain très pop aux paroles assez simplistes. Mais ce mélange des genres est précisément ce qui fait alors la particularité de JJG et qui soude son succès auprès du public. C’est aussi ce qui suscitera sur lui le plus de critiques. Ce titre indémodable s’écoute toujours avec autant de plaisir aujourd’hui, à la manière d’Il suffira (d’un signe) ou d’Envole-moi.

Je ne vous parlerai pas d’elle serait l’une des chansons préférées de Jean-Jacques Goldman alors qu’il ne l’a pourtant jamais jouée sur scène à ma connaissance. Intime et pudique, ce titre sans prétention fait référence à celle qui est « plus que [sa] vie, elle est bien mieux que [lui] ». Suit Être le premier, une chanson particulièrement bien écrite sur l’ambition sans fin de certains, « le vertige des hautes altitudes, le goût particulier des grandes solitudes ». Ce titre sera d’ailleurs commenté dans la presse, des années plus tard, par Michel Rocard, alors Premier ministre. Si tu m’emmènes est quant à elle l’une de mes chansons préférées de ce disque, pour la qualité de ses paroles et aussi son interprétation (qui ne manquera évidemment pas d’irriter ses détracteurs).

Vient alors Minoritaire, hymne à la différence et à la marginalité sans fard. Le titre a des connotations hard-rock avec à la guitare Norbert Krief (« Nono » de Trust !). L’album aurait donc dû porter le nom de cette chanson. Minoritaire est l’une de mes chansons préférées, que j’écoute toujours avec autant de plaisir aujourd’hui. Je m’étonne d’ailleurs qu’elle n’ait pas été éditée en 45 tours à l’époque : « Papa, quand je serai grand je sais ce que je veux faire, je veux être minoritaire » !

Tout comme pour Démodé, l’album se termine sur une chanson très courte, Quand la bouteille est vide, qui compte en tout et pour tout… une phrase.

Bien qu’assez inégal, divisé entre immanquables (Veiller tard, Comme toi, Minoritaire), tubes imparables (Quand la musique est bonne, Au bout de mes rêves) et chansons plus anecdotiques (Toutes mes chaines, Jeanine médicament blues), ce deuxième disque est celui de la consécration pour Jean-Jacques Goldman, celui qui l’amènera à sa toute première tournée en solo en 1983.

Playlist : Au bout de mes rêves | Comme toi | Toutes mes chaînes | Jeanine médicament blues | Veiller tard | Quand la musique est bonne | Je ne vous parlerai pas d’elle | Etre le premier | Si tu m’emmènes | Minoritaire | Quand la bouteille est vide

David Bénard

Journaliste vie numérique et mobilité, j'ai la tête à Indianapolis, le coeur à Nantes et le reste en Île-de-France...